Christian Sivilotto - Psychologue clinicien; psychothérapeute - Nice, 06000
Voir quelqu'un...
Franchir le pas de venir à sa première consultation psy, est le plus fréquemment coûteux en émotions et en stress. Nous dirons même qu'il faut une certaine forme de courage et beaucoup de mes patients ne me contrediraient pas sur ce point. Ces quelques lignes sont dédiées à un point fort typique des petites résistances partagées par le plus grand nombre à venir "voir quelqu'un"... Comme le dirait humouristiquement Gad Elmaleh : Un psy, bien sûr!
La pensée partagée par certains est alors : " Je peux m'en sortir tout seul".
Je m'éttone que peu de liens sur le Net ne traitent pas cette simple phrase si souvent entendue lors des premières séances, ou plus simplement entendue lors de discussions amicales où un être cher qui va souffre à faire appel à un psy. C'est qu'il y a derrière cette vague idée que ce serait contre nature, ou encore que l'appel à l'aide viendrait éconduire l'amour propre de la personne.
Bien. À cette objection fréquente à l'aide psy, je dirai simplement que la démarche de venir parler et analyser... se fait seul!
Non seulement la démarche se fait au nom du sujet lui-même (y compris pour un enfant, lorsqu'il se trouve en séance de psychothérapie individuelle), mais en aucune façon un psy dont l'orientation est psychanalytique ne se compromettra à donner des solutions toutes-faites, des conseils que la personne n'appliquera de toute façon que très peu.
Un psychologue clinicien aide son patient à penser sa propre pensée et trouver SA solution. Il l'aide à devenir ce qu'il est, pour reprendre quasiment à la lettre les mots de Pindare ( Deviens ce que tu es ) qui donnent le LA de l'éthique de la psychologie clinique. Bref, en passant la porte du cabinet du psychologue, vous rencontrez "quelqu'un" qui ne cessera d'éclipser son ego en veillant par contre à fournir pour vous toute la quintessence de sa pensée. Il vous aidera encore à repérer les mouvements de votre vie psychique, pour enfin vous permettre de clarifier votre pensée. Il est d'ailleurs requis que vous lui laissiez libre court, à votre pensée. Et il s'avère justement que vous vous rendiez compte chemin faisant, que votre mal-être limite considérablement sa "liberté".
En tous temps...
Autre point qui pourrait rendre la démarche de la consultation moins honteuse pour le narcissisme. De tous temps et en tous lieux sur le globe, les humains, animaux grégaires doués de la parole, ont su inventer des codes symboliques pour traiter de la condition humaines avec ses heurts et malheurs. Bref, que ce soit par les chamans, les sorciers, prêtres ou encore par des precepteurs ; des humains ont toujours tiré pour eux-mêmes les bénéfices de l'échange avec autrui pour se développer et se construire. Il n'y a vraiment que dans notre postmodernité si tournée vers l'individualisme, qu'on doute tant sur l'utilité de l'appel à l'autre. À croire que cela coincide avec l'explosion du nombre des diagnostics d'autisme. L'humain seul, n'existe pas. C'est un leurre narcissique. Ou du moins, à savourer l'idée de se débrouiller seul sans être aidé, nous faut-il encore trouver d'heureuses relations entre soi et autrui. But que se propose justement de soutenir une démarche psy.