Agressivité - Psychologue Nice

Christian Sivilotto psychologue, psychanalyste et psychothérapeute à Nice (Alpes-Maritimes, 06) vous explique les éléments liés à l'agressivité .

Agressivité et trouble du comportement.

L' agressivité est actuellement souvent associée au diagnostic fourre-tout, qu'est la notion de trouble du comportement.  

L'agressivité ainsi d'emblée confondue à un "trouble" du comportement, serait essentiellement une chose négative. quelle réductionisme! De plus, nous avons à la distinguer de la violence qui est une notion plus primaire et plus rattachée à l'idée de la force de l'instinct vitale, la force de vie impétueuse qui grouille des fois de façon désordonnée en nous et qui nourrit l'agressivité mais encore la volonté ainsi que la sexualité. Elle se différencie en tous cas de la violence dans la mesure où elle vise à nuire à autrui. Elle est alors pour la haine, ce que le désir est pour l'amour.

Bien évidemment je souhaite ici sortir l'agressivité d'une vision étriquée qui ne serait que négative.

Affirmons que la l'agressivité est nécessaire! Il s'agit de l'assumer pour la réguler.

La complexité de l'appareil psychique mérite que nous en disions un peu plus que ce que le mot "trouble" voudrait nous laisser conclure. 

 

Activité des pulsions et agressivité.

L'agressivité est d'origine pulsionnelle. Selon chaque stade de la libido, l'agressivité représente la force d'attaque de chaque pulsion sur son objet. Une fois sublimée, elle va même servir l'activité de la pensée puisque FREUD lui même soutiendra que "l'objet naît dans la haine". C'est-à-dire que pour le nourrisson, ce n'est que par l'expérience de la frustration et de la perte, que le petit sujet va prendre connaissance de la différence et de l'altérité. L'autre est alors objet de connaissance comme bien séparé de lui, dont il dépend au moins oralement dans un premier temps. Et c'est dans la pulsion de têter et de manger une partie de l'autre dont-il dépend que le bébé construit ses premières ébauches de relation à l'autre. De ces mouvements primaires, WINNICOTT précisera que pour le bébé, amour et agressivité sont mêlés. Risquer alors de freiner l'agressivité orale du tout petit enfant peut avoir comme conséquence de l'empecher d'aimer une fois plus âgé. Exprimé de façon plus "vulgaire", manger l'autre au plus jeune âge, oriente déjà la façon d'aimer autrui... C'est d'ailleurs la façon la plus primaire de chercher à connaître l'autre. De là, la frontière si ténue chez le jeune enfant entre la morsure et l'envie de rencontrer l'autre, le "connaître". Dans certaines pathologies de l'adulte comme des psychoses graves, le passage à l'acte meurtrier peut s'entendre comme une forme archaïque (donc sinistrement échouée) de rencontre avec l'autre.

En fonction de la nature des différentes pulsions, l'agressivité s'exprimera à l'enfance comme à l'âge adulte selon certaines variantes. Moins orales mais plus en lien avec la période dite d'opposition, nous aurons à observer les sujets plus enclin à s'opposer. Activement par des conduites de contestations, de revendications voire de veritables agressions physiques ou vebales. Ou plus passivement par des conduites plus discrètes d'opposition passive... Comme certaines personnes plus inhibées, voire soumises, jouent l'immobilisme jusqu'au paroxysme de solutions où l'agressivité se porte sur le sujet lui-même (sado-masochisme) dans des conduites de sabordage ou automutilatoires, ou encore par des tentatives de suicides. 

 

Enjeu psychothérapeutique : l'agressivité, qu'en faire?

Le rôle du psy est ici d'accueillir la personne et de permettre au sujet de redonner à ses mouvements pulsionnelles une orientation qui soutient davantage son désir que son annulation. Cela ne peut se faire qu'en lui autorisant dans un premier temps que se DISENT les pensées agressives dans l'espace et le temps d'une cure de parole.

Pour certains sujets inhibés et peu confiant en eux qui ne consultent pas pour des conduites agressives, le suivi psy permettra que se développe pour eux un soupçon d'agressivité pensée et élaborée pour que ces sujets s'affirment dans la vie (et soient libérés d'une part de leurs inhibitions).