AU SUJET DE LA PROPRETÉ AVANT LA 1ère RENTRÉE SCOLAIRE

DU 1er juin 2015 - mis en ligne par votre psychologue M Sivilotto à Nice

 

Faut-il réellement s'inquiéter lorsque son enfant n'est pas propre avant l'entrée en Petite section de maternelle?

Pour qui travaille en crèche, voilà une éternelle question que soutiennent les parents avec plus ou moins d'angoisse. À la clarté de la consigne émanant de l'école maternelle (le jeune enfant doit être propre et ne plus porter de couche-culotte au jour de la rentrée des classes) s'oppose l'impréssion de certains parents de ne pouvoir rien contrôler du bon vouloir de leur cher petit à se décider "d'aller au pot" comme les grands. C'est à se demander si la première expérience de la discipline n'est pas davantage portée par les parents que par le jeune enfant lui-même. j'entends alors de nombreux parents décrire leur enfant quittant bientôt la crèche, comme totalement sourd à l'importance de cette échéance... Et pourtant. il s'avère en fait que l'enfant peut surprendre en étant propre à J-1 voire le jour même de la rentrée. C'est un fait d'expérience dans les institutions de la petite enfance.

Le problème n'est pas tant que les parents devront rendre leur enfant propre pour la rentrée. L'enfant sera tout simplement propre à l'heure de cette rentrée des classes!

 

La décision de l'enfant face à la demande de l'adulte.

L'enfant entend très tôt ce qui anime père et mère au sujet de cette "propreté". S'il n'en dit rien ou semble désintéressé, c'est qu'entre 2 et 3 ans, le jeune enfant passe par des étapes psychologiques qui nécessitent qu'il se différencie de ses parents en s'affirmant. C'est d'ailleurs dans cette tranche d'âge que les parents décrivent chez leur enfant des comportements d'opposition. Le "non" s'associe à l'oposition et c'est grâce à cela que l'enfant peut gagner en assurance et développer son langage qui lui permet d'être en lien tout en s'affirmant. La subjectivité s'enrichit du langage pour s'opposer/ se présenter. C'est à cette condition que son "oui" prend une valeur authentique car le sujet n'est alors plus passif.

Parallèlement à ce processus langagier, le jeune enfant fait l'expérience d'une modification de l'image de son corps et de ses conséquences relationnelles. Sa maturation neurophysiologique lui permet entre 18 et 21 mois de contrôler ses sphinctères. Dans un premier temps, l'enfant n'est pas très sûr que ce qui tombe de lui n'est pas sa propre substance, des morceaux de son corps propre. Il est traversé par de l'angoisse et forcer à ce moment l'enfant l'insécurise. Chez le petit humain la raison affective est première et l'enfant doit se sentir à l'aise pour entendre ce qu'attendent ses parents. L'enfant en confiance, transforme le geste involontaire en geste volontaire (Faire pipi - faire caca). Une demande trop oppressante et angoissée des parents braque l'enfant dans des positions d'opposition qui engendrent le caractère anal rigide tel l'entêtement, l'opiniâtreté. Ce n'est justement qu'en aidant l'enfant à accepter de se déposseder de ses éléments qui sortent de lui, qu'il décide "d'être propre". Attention!  L'enfant est propre POUR LUI, même s'il peut être fier de donner ses déchets tant désirés par ses parents.

 

Comment l'aider?

Mettre le pot à sa portée. Même bébé, un pot peut déjà faire parti des objets que l'enfant regarde ou touche sans que l'adulte ne lui dise rien.

Parler à l'enfant simplement, avec les mots d'usage : "pipi", "caca".

Et... Jouer, "faire semblant" avec des marionnettes, des peluches. Lire des histoires qui rendent ludiques voire humouristique cette étape (il en existe un grand nombre en librairie).

Ne pas faire cas des "accidents", souvent fréquents jusqu'à 5 ans. Il n'est pas rare qu'un enfant accède à la propreté dès 18 mois et redemande la couche quelques mois après (avant 3 ans). Cela inquiète généralement les parents. Là encore, céder à sa demande n'enfoncera pas votre enfant dans une conduite pathologique. La propreté très tôt "acquise", l'enfant peut après-coup explorer la valeur psychologique et grandement affective de la couche et des soins qui lui sont prodigués. Il recherche davantage le confort et la proximité affective que le fait d'être "grand". Cette conduite pseudo régressive finit nécessairement par disparaître.

 

Consulter un psychologue?

Au cas par cas, si la question sucite de l'anxiété, il vaudra mieux consulter et clarifier la situation. Le psychologue accompagne l'enfant et ses parents dans des moments où surgit l'angoisse. Consulter permet alors un gain de souplesse psychique et rassure le système familial.

Concernant certains enfants, il arrive (rarement), soit pour des raisons psychologiques ou physiologiques que l'enfant tardent à se séparer de la couche. Si le pédiatre ne diagnostique rien du côté médical, il sera important de consulter un psychologue car l'enfant témoigne alors d'un mal-être authentique sans avoir les outils symboliques pour le parler.